Les plantations et les maladies des arbres

Entre 2018 et 2020, les attaques de scolytes ont nécessité l’abattage de 807.000 m³ de bois juste
dans les plantations publiques, qui au total contiennent 29.339.000 m³ de bois sur pied résineux,
soit 27% de la surface totale de résineux des forêts publiques.

L’épicéa, essence exotique introduite au 19 e siècle, représente aujourd’hui 42% des zones forestières
wallonnes, dont 78% en futaies régulières monospécifiques.

En outre, l’accroissement d’épicéa représente à lui seul 58.7% de l’accroissement moyen annuel de bois sur pied wallon, soit 2.191.000
m³. (Fiches écologiques des essences, 09/05/2022 ; LAURENT, LECOMPTE : 5 ; État de santé des
forêts, le 09/05/2022).
Le scolyte est un coléoptère appelé typographe IPS. Lorsque les températures augmentent, le mâle
se glisse sous l’écorce et creuse l’arbre pour accueillir ses femelles, qui, à leur tour, excavent des
galeries qui peuvent atteindre 30 cm et y pondent entre 20 et 80 œufs, ce qui, immanquablement,
finit par tuer l’arbre (LEROY, 2018 : p1-2). Le scolyte ne s’attaque normalement qu’aux arbres
affaiblis ou stressés, qui ne savent correctement réagir à l’attaque. Il se développe en outre par ilot
d’arbres, suivant les phéromones répandues par les colonisateurs. Dans une forêt saine avec une
grande variété d’essences, les attaques de scolytes ne représentent pas un grand danger : les arbres
sains s’en défendent, et la dispersion de l’insecte est ralentie. Ce n’est pas le cas de nos plantations
d’épicéa monospécifiques.
Les lignicultures abiment les racines de l’épicéa lors de la plantation. Les arbres sont très instables et
tombent à la première tempête. Ainsi, on estime que la moitié d’un peuplement d’épicéa finit par se
retrouver en surface dénudée pour cause de vent (WOHLLEBEN, 2020 : 113). La chute des arbres
crée de très nombreux chablis, milieux favoris des typographes IPS, où ils peuvent passer l’hiver au
chaud en attendant leur premier envol massif, vers le mois de mai (scolyte, agir malgré la crise : 92).
Les plantations monospécifiques connaissent ainsi environ 30% de dommage en plus dû aux insectes
que les forêts à essence mélangées, notamment grâce à la présence d’arbres non-hôtes ou à celle de
plus nombreux prédateurs (comme les pics), qui réduisent la diffusion des parasites (Reforest’action :
65-66). En outre, le mélange avec des essences plus résistantes au vent renforce la stabilité de la
plantation en entier, même lorsque l’essence principale est instable.
Les mesures préconisées par la région pour combattre le scolyte sont draconiennes : piégeage et
pulvérisation d’insecticide ou écorçage, abattages et ébranchages à large échelle (BONHOMME,
WOUTERS, 2020). Comme dit plus haut, les dégâts sur nos territoires forestiers deviennent ainsi
considérables, sans même compter les effets néfastes de la pulvérisation d’insecticides sur la
biodiversité forestière.
Pour autant, le scolyte est loin d’être le seul danger à menacer nos plantations d’arbres. De
nombreux autres insectes font également des ravages, comme les chenilles défoliatrices ou les
coléophores. Citons également les champignons et pathogènes, responsable de 26% des dégâts
forestiers, les problèmes de sècheresse augmentés par le réchauffement climatique (21%) et les
dégâts d’herbivores en surnombre (10%). Les dommages sont énormes : en 2021, l’observatoire de la
santé des forêts constate que 41% des feuillus et 50 % des résineux wallons souffrent d’une
défoliation anormale, signe de mauvaise santé de l’individu (État de santé des forêts, le 09/05/2022).
Ainsi, on peut dire qu’environ la moitié de nos plantations d’arbres sont aujourd’hui malades.

Bibliographie

BONHOMME, P.-O., WOUTERS, Ph., Scolyte Agir malgré la crise, 2020, in www.srfb.be.
État de santé des forêts, in http://etat.environnement.wallonie.be, le 09/05/2022,
LEROY, Q., le typographe et sa gestion, 2018, in www.srfb.be.
Reforest’action, Notre avenir s’appelle forêt, 65-66, in www.reforestaction.com, le 09/05/2022.
WOHLLEBEN, P., l’homme et la nature, Paris : Les Arènes, 2020.

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